Page:Saint-Saëns - Rimes familières.djvu/134

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Alecton.

Je ne sais pas danser ! Mon cher Botriocé-
phale, en invoquant la divine Terpsichore,
Jeune comme tu l’es, tu peux apprendre encore
L’art de la danse ; il n’est que la première fois
Qui coûte ! mais si tu refuses, dans les bois
Je prends ma course et fuis jusqu’à perte d’haleine ;
Tu ne me joindras pas, courant comme Silène
Quand il est ivre ; et tu feras en vain des vœux
Pour me revoir. Adieu pour toujours !

Botriocéphale.

Pour me revoir. Adieu pour toujours ! Tu le veux !

Il danse. Alecton qui le contemple avec une admiration croissante, arrive peu à peu à une exaltation extraordinaire.

Alecton, à part.

Ah ! pourquoi l’ai-je fait danser ?… je suis perdue !
À connaître l’amour serais-je descendue ?
Quel émoi ! quel trouble ! et quelle insolite ardeur
Me dévore ! je brûle !

Avec passion.

Me dévore ! je brûle ! Ah ! c’est trop de laideur !