Page:Saint-Simon - Œuvres, vol. 4-5.djvu/24

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peu perfectionnée ; que les hommes se laissent encore gouverner par la violence et par la ruse, et que l’espèce humaine (politiquement parlant) est encore plongée dans l’immoralité.

Puisque les savants, les artistes et les artisans, qui sont les seuls hommes dont les travaux soient d’une utilité positive à la société, et qui ne lui coûtent presque rien, sont subalternisés par les princes et par les autres gouvernants qui ne sont que des routiniers plus ou moins incapables.

Puisque les dispensateurs de la considération et des autres récompenses nationales ne doivent, en général, la prépondérance dont ils jouissent qu’au hasard de la naissance, qu’à la flatterie, qu’à l’intrigue ou à d’autres actions peu estimables.

Puisque ceux qui sont chargés d’administrer les affaires publiques se partagent entre eux, tous les ans, la moitié de l’impôt, et qu’ils n’emploient pas un tiers des contributions, dont ils ne s’emparent pas personnellement, d’une manière qui soit utile aux administrés.

Ces suppositions font voir que la société actuelle est véritablement le monde renversé.

Puisque la nation a admis pour principe fondamental que les pauvres devaient être généreux à l’égard des riches, et qu’en conséquence les