Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/239

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trois ou quatre misérables seulement se trouvèrent à cette réception. Un moment avant celle de M. du Maine, il y eut une petite vivacité de M. de La Trémoille, qui, impatienté de l’applaudissement que M. de Reims donnoit à cette étrange nouveauté, lui dit qu’il ne doutoit pas de son approbation, parce qu’il ne se soucioit guère du rang des archevêques de Reims, mais que pour lui, il pensoit tout autrement, et qu’il étoit fort sensible à celui des ducs de La Trémoille. L’archevêque demeura muet, et le roi n’en fit pas semblant à M. de La Trémoille, et ne l’en traita pas moins bien.

Peu de jours après cette réception, l’ambassadeur de Venise, avec la république duquel cela avoit été négocié, fit, à Versailles, sa visite à MM. du Maine et de Toulouse, conduit par l’introducteur des ambassadeurs en cérémonie, et en usa, pour le premier exemple, comme avec les princes du sang. Cette parité, que le roi avoit fort à cœur, fut exprès différée après la réception de M. du Maine au parlement, pour ne pas donner trop d’éveil auparavant aux princes du sang, à qui cette visite ne pouvoit pas être agréable. Cet exemple eut peine à être suivi par les autres ambassadeurs ; mais, avec le temps et des négociations, il le fut à la fin, excepté des nonces.




CHAPITRE XI.


Situation des opposants avec le premier président Harlay. — Duc de Chaulnes. — Il négocie l’assemblée de toutes les chambres avec le premier président Harlay, qui lui en donne sa parole et qui lui en manque. — Rupture entière des opposants avec le premier président Harlay. — Harlay, premier président, récusé par les