Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/254

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campagne précédente en Flandre, où il servoit de lieutenant général et étoit mestre de camp général de la cavalerie, et qui, très-obligeamment, me la prêta depuis tous les ans. Je m’arrêtai six jours à Strasbourg, où je fus conseillé de prendre le Rhin jusqu’à Philippsbourg. Je pris pour moi et le peu de gens que je menois, deux redelins attachés ensemble, qui sont de très-petits bateaux longs et étroits, fort légers, et d’autres pour ce qui me suivoit. Je couchai au fort Louis, où j’arrivai de bonne heure, et que j’eus le loisir de visiter en arrivant. Rouville, qui en étoit gouverneur, m’y reçut avec beaucoup de politesse et bonne chère ; et le lendemain j’allai coucher à Philippsbourg, où Desbordes, gouverneur, me logea et me fit bonne chère et force civilités aussi. Là je trouvai grande compagnie de gens qui alloient joindre l’armée, entre autres le prince palatin de Birkenfeld, capitaine de cavalerie dans Bissy, extrêmement de mes amis.

Le lendemain nous partîmes pour aller joindre la cavalerie campée à Obersheim, sous Mélac, lieutenant général ; l’infanterie étoit sous Landau avec les maréchaux et tous les officiers généraux. Dès que je fus arrivé, j’allai chez Mélac qui me vint voir le lendemain. Je reçus la visite de tout ce qu’il y avoit de brigadiers et de mestres de camp, et d’une infinité d’autres officiers, et je leur fis aussi la mienne, c’est-à-dire aux premiers. Ce camp, si voisin du Rhin, ressembloit par sa tranquillité à un camp de paix, mais bientôt toute notre cavalerie alla passer le Rhin sur le pont de Philippsbourg, et joindre de l’autre côté l’infanterie qui y étoit déjà avec tous les généraux, et ce fut là que j’allai pour la première fois d’abord chez les deux maréchaux de France. J’allai aussi voir Villars, lieutenant général et commissaire général de la cavalerie, qui la commandoit, et à mon loisir les principaux officiers généraux.

Je me trouvai avec Sonastre dans la brigade d’Harlus qui formoit la gauche de la seconde ligne. C’étoient deux très