Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/285

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Chacun d’eux devoit faire deux revues par an, en sortant de campagne et à la fin de l’hiver, et entre ces deux revues les inspecteurs devoient en faire plusieurs. Ils eurent six mille livres, devoient rendre compte de tout à leur directeur, et celui-ci au secrétaire d’État de la guerre, et quelquefois au roi, chaque département de directeur séparé en deux pour les deux inspecteurs, desquels tous la moitié étoit fixée à l’infanterie et l’autre moitié à la cavalerie ; outre un pouvoir étendu en toute espèce de détails de troupes ; les directeurs les pouvoient voir en campagne, mettre aux arrêts, interdire même les brigadiers de cavalerie et d’infanterie ; et les inspecteurs, qui furent tous pris d’entre les brigadiers, eurent un logement au quartier général, et dispense de leur service de brigadiers pendant la campagne. Telle fut la fondation de ces emplois qui blessa extrêmement les officiers généraux de la cavalerie et des dragons.

Le comte d’Auvergne, nourri de couleuvres sur sa charge depuis longtemps, avala encore celle-ci en silence. Rosen, étranger et soldat de fortune jusqu’à avoir tiré un billet pour maraude, quoique de bonne noblesse de Poméranie, devenu lieutenant général et mestre de camp général de la cavalerie, étoit un matois rusé qui n’avoit garde de se blesser, et qui loua au contraire cet établissement. Villars, lieutenant général et commissaire général de la cavalerie, ébloui de sa fortune et de celle de son père, se fit moquer des deux autres à qui il proposa de s’opposer à une nouveauté si préjudiciable à leurs charges, et encore plus du roi à qui il osa en parler. Huxelles pour l’infanterie et du Bourg pour la cavalerie eurent la direction du Rhin ; ils se retrouveront ailleurs : le premier lieutenant général et chevalier de l’ordre, l’autre maréchal de camp. Chamarande et Vaudray, deux hommes distingués par leur valeur, par leur application et par leur mérite : Vaudray étoit d’une naissance fort distinguée, du comté de Bourgogne, singulièrement bien fait, mais cadet et pauvre. De chanoine de