Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/346

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CHAPITRE XVII.


Brias archevêque de Cambrai. — Sa mort. — Abbé de Fénelon. — Mme Guyon. — Fénelon précepteur des enfants de France. — Fénelon archevêque de Cambrai. — Boucherat, chancelier, ferme sa porte aux carrosses mêmes des évêques. — Harlay archevêque de Paris. — Dégoût de ses dernières années. — Sa mort. — Sa dépouille. — Coislin, évêque d’Orléans, nommé au cardinalat. — Noailles, évêque-comte de Châlons, archevêque de Paris, et son frère, évêque-comte de Châlons. — Régularisation de la Trappe. — Évêque-duc de Langres. — Gordes. — Sa mort. — Abbé de Tonnerre évêque-duc de Langres. — Sa modestie. — M. le maréchal de Lorges ne sert plus. — Forte picoterie des princesses.


Avant de parler de ce qui se passa depuis mon retour de l’armée, il faut dire ce qui se passa à la cour pendant la campagne. M. de Brias, archevêque de Cambrai, étoit mort, et le roi avoit donné ce grand morceau à l’abbé de Fénelon, précepteur des enfants de France. Brias étoit archevêque lorsque le roi prit Cambrai. C’étoit un bon gentilhomme flamand, qui fit très-bien pour l’Espagne pendant le siège, et aussi bien pour la France aussitôt après. Il le promit au roi avec une franchise qui lui plut, et qui toujours depuis fut si bien soutenue de l’effet, qu’il s’acquit une considération très-marquée de la part du roi et de ses ministres, qui tous le regrettèrent et son diocèse infiniment. Il n’en sortoit presque jamais, le visitoit en vrai pasteur, et en faisoit toutes les fonctions avec assiduité. Grand aumônier, libéral aux troupes, et prêt à servir tout le monde, il avoit une grande, bonne et fort longue table tous les jours, il l’aimoit fort et en faisoit grand usage et en bonne compagnie, et à la flamande, mais sans excès, et s’en levoit souvent pour le