Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/362

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alla seule et y arriva la première ; les deux autres y furent menées par Monsieur. Elles se parlèrent peu, tout fut aride, et elles revinrent de tout point comme elles étoient allées.

La fin de cette année fut orageuse à Marly. Mme la duchesse de Chartres et Mme la Duchesse, plus ralliées par l’aversion de Mme la princesse de Conti, se mirent au voyage suivant à un repas rompu, après le coucher du roi, dans la chambre de Mme de Chartres au château ; Monseigneur joua tard dans le salon. En se retirant chez lui il monta chez ces princesses et les trouva qui fumoient avec des pipes qu’elles avoient envoyé chercher au corps de garde suisse. Monseigneur, qui en vit les suites si cette odeur gagnoit, leur fit quitter cet exercice ; mais la fumée les avoit trahies. Le roi leur fit le lendemain une rude correction, dont Mme la princesse de Conti triompha.

Cependant ces brouilleries se multiplièrent, et le roi qui avoit espéré qu’elles finiroient d’elles-mêmes, s’en ennuya ; et un soir à Versailles qu’elles étoient dans son cabinet après son souper, il leur en parla très-fortement, et conclut par les assurer que s’il en entendoit parler davantage, elles avoient chacune des maisons de campagne où il les enverroit pour longtemps et où il les trouveroit fort bien. La menace eut son effet, et le calme et la bienséance revinrent et suppléèrent à l’amitié.




CHAPITRE XVIII.


1696. Banc au lieu de ployant aux cardinaux aux cérémonies de l’ordre, à la réception de MM. de Noyon et de Guiscard. — Duc Lanti nommé à l’ordre ; son extraction. — Prince de Conti gagne son procès contre la duchesse de Nemours. — Mariage de Barbezieux