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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/387

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ses jours à Vichy, et y mourut en arrivant, et avec lui sa famille qui retomba dans le néant.

L’Espagne perdit la reine mère, d’un cancer ; c’étoit une méchante et malhabile femme, toujours gouvernée par quelqu’un, qui remplit de troubles la minorité du roi son fils. Don Juan d’Autriche lui arracha le fameux Vasconcellos, puis le jésuite Nitard son confesseur, qu’elle consola par l’ambassade d’Espagne à Rome, n’étant que simple jésuite, et le fit cardinal après, mais sans avoir pu le rapprocher d’elle. Elle régna avec plus de tranquillité sous le nom de son fils, devenu majeur, et rendit fort malheureuse la fille de Monsieur que ce prince avoit épousée. À la fin son mauvais gouvernement et plus encore son humeur altière, qui lui avoit aliéné toute la cour, refroidit le roi pour elle, sur qui elle l’exerçoit avec peu de ménagement, et elle alla passer ses dernières années dans un palais particulier dans Madrid, peu comptée et peu considérée. Elle haïssait extrêmement la France et les François. Elle étoit sœur de l’empereur et seconde femme de Philippe IV, qui de sa première femme, fille d’Henri IV, avoit eu notre reine Marie-Thérèse, en sorte que le roi en drapa pour un an sans regret.




CHAPITRE XX.


Reprise du procès de M. de Luxembourg. — Récusation du premier président Harlay. — Option hardie de M. de Luxembourg. — Renvoi au parlement de la cause par la bouche du roi. — Pairs postérieurs en cause. — Partialité de Maisons contre nous. — Insolence de l’avocat de M. de Luxembourg, sans suite. — Misère des ducs opposants. — D’Aguesseau, avocat général, conclut pour nous. — M. de Luxembourg appointé sur sa prétention et sans qu’il en eût fait demande ; mis en attendant au rang de 1662. — Pitoyable conduite des ducs opposants. — Projet d’écrit que je fis pour le