Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/399

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Varillas ; du Plessis ; du roi de Pologne Jean Sobieski. — Cavalerie battue par M. de Vendôme. — Négociation. — Armée de Savoie. — Tessé. — Conditions de la paix de Savoie. — Succès à la mer.


La destination des armées étoit réglée comme l’année précédente, excepté que le maréchal de Choiseul eut l’armée du Rhin à la place de M. le maréchal de Lorges, le maréchal de Joyeuse alla en la sienne sur les côtés ; les princes du sang furent de l’armée du maréchal de Villeroy, où M. de Chartres commanda la cavalerie, et les bâtards en celle de M. de Boufflers, pour les séparer et mettre M. du Maine moins au grand jour. Le roi, avant de déclarer le maréchal de Choiseul, le prit en particulier dans son cabinet, et se fit expliquer par lui, pendant un assez longtemps, les objets qu’il voyoit de ses fenêtres. Il s’assura par ce moyen de sa vue qui étoit fort basse de près, mais qui distinguoit bien de loin. Nous demeurâmes persuadés que le roi se sentit plus à son aise de ce changement.

M. le maréchal de Lorges qui vouloit faire, qui en sentoit les moyens, et qui voyoit de plus, comme tout le monde, que les succès de Flandre n’amèneroient point la paix dans un pays tout hérissé de places, à moins de conjectures uniques, comme avoient été celles de Parc, lorsque le roi revint, et la dernière qui sauva M. de Vaudemont, ne cessoit tous les hivers de proposer le siège de Mayence et d’emporter les lignes d’Heilbronn, et d’en presser le roi à temps d’y donner les ordres nécessaires à une heureuse et sûre exécution, et le roi, demeuré persuadé qu’il ne falloit rien faire d’important en Allemagne et mesurer tous ses efforts ailleurs, éconduisoit tous les ans le maréchal de Lorges avec ennui, parce que les répliques lui manquoient hors celles de sa volonté. M. de Louvois, qui avoit procuré cette guerre, et qui ne la vouloit finir de longtemps, avoit, par cette raison-là même que je viens de dire, persuadé au roi l’avis où il étoit demeuré, et que sa pique personnelle contre le prince d’Orange lui fai-