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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 1.djvu/468

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relever, tous ses efforts furent inutiles. Sa sœur unique, qu’il aimoit tendrement, avoit épousé M. de Castries du nom de La Croix, qui étoit riche pour une fille qui n’avoit rien. Il étoit veuf, sans enfants, de la mère de M. de La Feuillade et de M. de Metz. La faveur de son beau-frère lui procura le gouvernement de Montpellier, ensuite une des trois lieutenances générales de Languedoc, enfin l’ordre du Saint-Esprit, en 1661, et il fut un de ceux que le duc d’Arpajon reçut à Pézenas, avec M. le prince de Conti, par commission du roi. Il mourut en 1674, à soixante-trois ans, et laissa des filles et deux fils dont l’aîné se distingua extrêmement à la guerre par sa capacité et par des actions brillantes de valeur. C’étoit d’ailleurs un homme pétri d’honneur et de vertu, doux, sage, poli, fort aimé et de bonne compagnie. Il lutta longtemps contre sa mauvaise santé et un asthme qu’il eut dès sa première jeunesse, mais qui fut à la fin le plus fort, et le força, près d’être maréchal de camp, à quitter un métier auquel il étoit propre, qu’il aimoit avec passion et qui l’auroit apparemment mené loin.

M. du Maine étoit gouverneur de Languedoc ; le cardinal Bonzi, à bout de douleur et de ressources, en chercha dans cet appui, et c’est ce qui fit le mariage de son neveu. M. du Maine s’en chargea, le régla et le conclut. Cela n’étoit pas difficile : Mlle de Vivonne n’avoit rien que sa naissance, et le cardinal et sa sœur ne cherchoient qu’une grande alliance et un soutien domestique contre Bâville. Mme de Montespan fit la noce en mai 1693, chez elle, à Saint-Joseph, et se chargea de loger et nourrir les mariés. M. du Maine promit merveilles, et, à son ordinaire, ne tint rien. Il ménageoit son crédit pour soi tout seul, et se seroit bien gardé de choquer le dégoût du roi pour la conduite du cardinal Bonzi ni ses ministres, et le goût qu’ils lui avoient donné pour Bâville ; mais à l’égard de la place de dame d’atours de Mme la duchesse de Chartres peu courue, et par des gens dont M. du Maine n’avoit aucune raison de s’embarrasser, il