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NOTES.


III. LETTRE DE LOUIS XIV À MADAME DE MAINTENON A L’OCCASION DE L’ARRIVÉE DE LA DUCHESSE DE BOURGOGNE.


Page 390.


Saint-Simon dit que le roi se hâta d’envoyer un courrier à Mme de Maintenon, pour lui mander sa joie et les louanges de la princesse. Voici la lettre même du roi[1] :


Montargis, ce dimanche au soir à six heures et demie,
4 novembre 1696.

« Je suis arrivé ici devant cinq heures ; la princesse n’est venue qu’à près de six. Je l’ai été recevoir au carrosse. Elle m’a laissé parler le premier, et après m’a fort bien répondu, mais avec un petit embarras qui vous auroit plu. Je l’ai menée dans sa chambre au travers de la foule, la faisant voir de temps en temps en approchant les flambeaux de son visage. Elle a soutenu cette marche et ces lumières avec grâce et modestie. Nous sommes enfin arrivés dans sa chambre, où il y avoit une foule et une chaleur qui faisoient crever[2]. Je l’ai montrée de temps en temps à ceux qui s’approchoient, et je l’ai considérée de toutes manières pour vous mander ce qu’il m’en semble.

« Elle a la meilleure grâce et la plus belle taille que j’aie jamais vue, habillée à peindre, et coiffée de même, des yeux vifs et très-beaux, des paupières noires et admirables ; le teint fort uni, blanc et rouge, comme on peut le désirer ; les plus beaux cheveux blonds que l’on puisse voir, et en grande quantité. Elle est maigre, comme il convient à son âge ; la couche fort vermeille, les lèvres grosses, les dents blanches, longues et très-mal rangées, les mains bien faites, mais de la couleur de son âge. Elle parle peu, au moins à ce

  1. L’original autographe de cette lettre se trouve à la bibliothèque du Louvre, F 328, f° 2 et suiv. Elle a été imprimée par M. Monmerqué dans un recueil tiré à un petit nombre d’exemplaires pour les bibliophiles français, sous ce titre Lettres de Louis XIV, etc., adressées à Mme la marquise de Maintenon (1 vol. in-8, Didot, 1822).
  2. M. Monmerqué a mis où il y avoit une foule et une chaleur à faire crever. J’ai suivi le manuscrit autographe.