Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur le même exemple de la belle-sœur de Mme de Chevreuse. Le roi disoit toujours que Monsieur lui avoit escroqué ce tabouret ; et du tabouret, les deux frères devinrent princes comme M. de Soubise. M. de Guéméné se maria la première fois en 1678, puis en 1679 ; M. de Montauban, son frère, en 1682, et n’a point laissé d’enfants.

Il est néanmoins vrai que Mme de Soubise, qui jamais ne fut refusée de rien, ne put pourtant venir à bout d’une seule chose. À la promotion de 1688, le duc de Montbazon, fou depuis longtemps, étoit enfermé à Liège. Il étoit fils du frère aîné de M. de Soubise, ce prince de Guéméné, chevalier de l’ordre en 1619, dont j’ai parlé ci-dessus. Il ne s’étoit point démis de son duché ; il était interdit, et par conséquent hors d’état de s’en démettre comme de faire tout autre acte. M. de Bouillon étoit exilé.

Cette promotion fut la première où le roi fit passer les ducs à brevet, les maréchaux de France et les grands officiers de sa maison avant les gentilshommes de cette même promotion, mais les gentilshommes dès lors chevaliers de l’ordre continuant à les précéder. Le comte d’Auvergne et M. de Soubise furent mis sur la liste du roi. Es demandèrent de précéder les ducs à brevet et les maréchaux de France de cette même promotion, et Mme de Soubise, que le prince de Guéméné qui n’en étoit pas en fût mis, et y tint le rang de duc de Montbazon.

Elle en savoit trop pour l’espérer, mais elle compta d’obtenir l’autre demande en compensation du refus de celle-ci. Pour cette fois elle se trompa ; non seulement le roi tint ferme, mais il se fâcha jusqu’à ordonner à Châteauneuf, greffier de l’ordre, en plein chapitre, de mettre sur son registre que MM. de Soubise et comte d’Auvergne s’excusoient d’être de la promotion pour ne vouloir pas prendre l’ordre dans le rang où leurs pères et leurs prédécesseurs s’étoient tenus honorés de le recevoir.

Cela fit grand bruit, et la mortification fut cuisante. Mais