Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/262

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ni eu de pas un homme de robe. Us poussèrent après jusqu’à l’inégalité de la [suscription] avec tout ce qui n’est point titré, et même avec les évêques, archevêques, excepté les pères ecclésiastiques, et tout leur a fait joug.

Une autre dispute fit en ce même temps quelque bruit. M. d’Autun, président né des états de Bourgogne, disputoit depuis quelque temps à l’abbé de Cîteaux d’avoir un fauteuil dans cette assemblée. Cet honneur, selon lui, n’étoit dû dans le clergé qu’aux évêques et non pas à un moine, quoique chef d’un grand ordre. M. de Cîteaux, à qui cela s’adressoit, alléguoit la dignité de son abbaye, dont l’autorité s’étendoit dans tout le monde catholique, et son ancienne possession, que M. d’Autun traitoit de vieil abus. Il y eut sur cela force factums de part et d’autre. L’abbé de Cîteaux se trouvoit lors une fort bonne tête et fort apparenté dans la robe ; il s’appeloit M. Larcher, et qui n’oublia pas de faire souvenir le chancelier Boucherat qu’il comptoit deux grands-oncles paternels parmi ses prédécesseurs, chose, bien qu’élective, qui le flattoit d’autant plus que sa famille, toute nouvelle, n’avoit rien de mieux à se vanter. Le roi à la fin voulut juger l’affaire au conseil de dépêches. M. le Prince, gouverneur de Bourgogne, et Ferrand, intendant de la province, furent consultés ; leur avis fut favorable à M. de Cîteaux, qui gagna son procès.

Le retour de Mme de Blansac à la cour, que M. de La Rochefoucauld avoit obtenu tout à la fin de l’année dernière, fut d’un bon augure à une autre exilée. Mme de Saint-Géran, en femme d’esprit, comme on l’a vu ici en son temps, n’avoit point voulu profiter de la liberté qui lui avoit été laissée dans son éloignement de la cour. Elle s’étoit retirée à Rouen dans le couvent de Bellefonds, ainsi nommé des biens que la famille du maréchal de Bellefonds y a faits, et du nombre de ses sœurs et de ses parentes qui y ont été supérieures et religieuses. Mme de Saint-Géran avoit passé sa jeunesse chez le maréchal de Bellefonds et chez la vieille