Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/350

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qu’elle voulut profiter de sa petite vérole, et ne pas demeurer ici assez longtemps pour se trouver en état de remplir des devoirs qui l’auroient embarrassée.




CHAPITRE XXI.


Bassesses et noirceur étrange du duc de Gesvres à mon égard. — Duc de Gesvres, méchant dans sa famille, fait un trait cruel au maréchal de Villeroy. — Origine de la conduite des ambassadeurs, à leur première audience, par ceux des maisons de Lorraine, Savoie et Longueville, et à leur entrée, par des maréchaux de France. — Origine du chapeau aux audiences de cérémonie des ambassadeurs, qui ne s’étend nulle part ailleurs. — Mort de Mme de Marsan. — Le nonce Delfini fait cardinal ; son mot sur l’Opéra. — Mariage de Coigny et de Mlle du Bordage. — Silence imposé par le roi aux bénédictins et aux jésuites sur une nouvelle édition des premiers de saint Augustin. — Exécution de Mme Ticquet, pour avoir fait assassiner son mari, conseiller au parlement. — Mort du fils unique de Guiscard. — Mort de Barin.


Je viens maintenant à ce qui m’arriva de ce voyage. Il étoit certain que le grand chambellan, et en son absence le premier gentilhomme de la chambre du roi en année, devoit prendre l’épée, le chapeau et les gants de M. de Lorraine allant rendre son hommage. Les prendre en ce cas-là c’est dépouiller le vassal des marques de dignité en présence de son seigneur et non pas le servir, et ce qui le montre c’est que le premier gentilhomme de la chambre ne les garde ni ne les rend. Toute sa fonction n’est que de dépouiller le vassal, et c’est le premier valet de chambre qui les reçoit du premier gentilhomme de la chambre dans l’instant qu’il les a étés au vassal, et c’est ce même premier valet de chambre qui les rend au vassal après son hommage. Cela se passa