Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/372

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endroit dans la suite. C’est ce qui m’a fait étendre sur sa nomination.

La vieille Tambonneau, tante maternelle de M. de Noailles mourut. J’en ai suffisamment parlé à l’occasion de la mort de la mère de M. de Noailles.

J’ajouterai qu’en ses dernières années, elle s’étoit retirée aux Enfants-Trouvés, et que là même elle fut suivie par ses amis, et visitée de la meilleure compagnie de la cour et de la ville qui avoit accoutumé de la voir chez elle. Elle avoit plus de quatre-vingts ans ; elle n’avoit jamais fait grand cas de son mari ni de son fils l’ambassadeur en Suisse ; elle ne l’appeloit jamais que Michaut ; il ne la voyoit guère que les matins, ni sa femme non plus, qui étoit une autre intrigante qui ne valoit pas sa belle-mère, et qui auroit voulu l’imiter. La bonne femme ne vouloit point mêler ce bagage-là avec la bonne compagnie dont sa maison étoit toujours remplie.

Mme de Navailles mourut le même jour, 14 février : son nom étoit Baudéan, et son père s’appeloit le comte de Neuillant, étoit gouverneur de Niort et frère cadet de M. de Parabère, chevalier de l’ordre en 1633, et gouverneur de Poitou. Il laissa sa femme veuve assez longtemps, qui s’appeloit Tiraqueau et qui étoit l’avarice même. Je ne puis dire par quelle raison, ou hasard, Mme de Maintenon, revenant jeune et pauvre fille d’Amérique, où elle avoit perdu père et mère, tomba en débarquant à la Rochelle chez Mme de Neuillant qui démeuroit en Poitou. Elle ne put se résoudre à lui donner du pain sans en tirer quelque service : elle la chargea donc de la clef de son grenier pour donner le foin et l’avoine par compte, et l’aller voir manger à ses chevaux. Ce fut elle qui la mena à Paris, et qui, pour s’en défaire, la maria à Scarron. Elle retourna chez elle en Poitou. Son fils unique fut tué, sans alliance, à la bataille de Lens. Mme de Navailles étoit sa fille aînée, et la cadette épousa le comte de Froulay, grand maréchal des logis de la maison du roi en 1650, quatorze ans après ce mariage, chevalier de l’ordre