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Notes.

portait sa cousine de Navailles[1], de toutes les femmes de la cour la plus universellement révérée, ne se démentit jamais. Enfin la pieuse reine Marie Leczinska la traita toujours avec une bienveillance particulière.

Quant à la naissance, possédant des preuves matérielles, il m’est facile de rétablir les faits. Ces preuves ne sont point fondées sur des généalogies, faites souvent avec peu de scrupule ; elles sont établies sur des actes et sur les registres des églises de Chambord et de Huisseau-sur-Cosson, paroisse dans laquelle est situé le château de Saumery ; tout le monde peut donc, sur les originaux mêmes, s’assurer de l’inexactitude des assertions de M. de Saint-Simon. Je parlerai peu de ma famille avant son établissement en France, mon intention n’étant point de faire ici une généalogie, mais seulement de prouver que le premier des Johanne qui se fixa dans le Blaisois n’a jamais été et n’a jamais pu être valet d’Henri IV. S’il fût effectivement né dans l’état de domesticité, je ne serais pas assez vil pour chercher à prouver le contraire. L’homme qui, de cette condition, se serait élevé aux emplois de premier président de la chambre des comptes de Blois et conseiller d’État, eût eu plus de mérite sans doute que celui qui ne les obtint peut-être que par sa naissance.

La maison de Johanne de La Carre de Saumery est originaire de Béarn ; elle possédait de toute ancienneté dans la ville de Mauléon un hôtel noble, appelé de Johanne et de Mauléon, duquel dépendaient des fiefs, terres, etc. Les armoiries propres de Johanne sont de gueules au lion d’or. (Voir, pour vérifier les armes, l’Histoire des grands officiers de la couronne, tome IX, page 92, promotion des chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit du 31 décembre 1585, au nom Giraud de Mauléon, et à celui de Johanne dans le Nobiliaire de France.)

Vers l’an 1566, Arnault de Johanne, seigneur de Johanne de Mauléon, ayant épousé Gartianne de La Carre, sœur de Ménault de La Carre, aumônier du roi, et nièce de Bernard de Ruthie, abbé de Pontelevoy, nommé grand aumônier de France le 1er juillet 1552, les armes de Johanne furent écartelées de celles de La Carre, qui sont partie au premier d’azur à trois faces d’or, au deuxième de sable à trois coquilles d’argent posées en pal.

Le seul des seigneurs de Johanne qui quitta le Béarn, pour se fixer en France, fut Arnault II[2], bisaïeul de M. de Saumery. Il fut

  1. Suzanne de Baudéan Parabère, duchesse de Navailles.
  2. Il est qualifié noble écuyer seigneur dans vingt-deux actes de l’ég1ise de Huisseau, depuis le 3 avril 1580 jusqu’au 26 avril 1619, et, selon les mêmes registres, il était déjà en possession de la seigneurie de Saumery avant le 8 janvier 1590.