Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/391

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Un homme si peu soigneux de son honneur donna sa fille au fils de son ancien ami et protecteur, sans compter pour rien l’inégalité du mariage de son héritière à qui il devoit laisser de grands biens qu’elle eut en effet, et qu’il ne lui fit pas longtemps attendre.

Il mourut en grand affaiblissement d’esprit, et fort vieux et veuf depuis longues années sans s’être remarié.

Le duc de Richelieu, vieux et veuf deux fois, épousa en troisièmes noces une Rouillé, veuve du marquis de Noailles, frère du duc, du cardinal et du bailli de Noailles, dont elle avoit une fille unique. Elle étoit fort riche et vouloit un tabouret. M. de Richelieu, qui l’étoit fort aussi, mais qui, avec des biens substitués et une conduite toujours désordonnée, en étoit toujours aux expédients, lui donna le sien pour se remettre à flot, et n’avoit aussi qu’un fils unique. En s’épousant, ils arrêtèrent le mariage de leurs enfants, dont ils passèrent et signèrent le contrat en attendant qu’ils fussent en âge de se marier. Le vieux couple avoit de l’esprit, mais l’humeur de part et d’autre peu concordante, qui donna des scènes au monde. Malgré ce second mariage de la duchesse de Richelieu, elle demeura toute sa vie dans l’union la plus intime avec la famille de son premier mari, surtout avec le cardinal de Noailles.

Celle du comte d’Auvergne, et lui-même, se trouvèrent fort soulagés par la mort du bailli d’Auvergne, son fis aîné, que l’indignité de toute la suite de sa vie, et celle de son combat avec Caylus dont j’ai parlé en son temps, avoient chassé du royaume, fait déshériter et jeté malgré lui dans l’ordre de Malte, menaçant souvent de réclamer contre ses vœux.

Il sembla que les flatteurs du roi prévissent alors que le terme des prospérités de son règne fût arrivé, et qu’ils n’auroient désormais à le louer que de sa constance. Ce grand nombre de médailles frappées en toutes sortes d’occasions, où les plus communes n’étoient pas même oubliées, fut ramassé, gravé et destiné à une, histoire métallique. L’abbé