Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/151

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Le roi lui répondit : « Ne me demandez-vous que cela ?  » M. le duc d’Orléans dit que les gens de sa maison le pressoient de demander autre chose, mais qu’il y auroit dans ce temps-ci de l’indiscrétion. « Je préviendrai donc votre demande, répliqua le roi, et je donne à votre fils la pension de premier prince du sang de cent cinquante mille livres. » Cela faisoit un million cinquante mille francs à M. le duc d’Orléans, savoir : six cent cinquante mille livres de sa pension, cent mille livres pour l’intérêt de la dot de Mme la duchesse d’Orléans, cent cinquante mille livres de sa pension et cent cinquante mille livres de celle de M. le duc de Chartres âgé de deux jours, sans compter les pensions de Madame.

Le roi fit, quelques jours après, un règlement sur l’artillerie, dont il vendit les charges : c’étoit un objet de cinq millions. Il en laissa quelques-uns à la disposition de M. du Maine, grand maître de l’artillerie, augmenta ses appointements de vingt mille livres et lui donna cent mille écus. Le besoin d’argent qui fit faire cette affaire à plusieurs autres, fit prêter l’oreille à un invalide qui prétendit avoir travaillé autrefois à faire à Meudon une cache pour un gros trésor, du temps de M. de Louvois. Il y fouilla donc et longtemps et en plusieurs endroits, maintenant toujours qu’il la trouveroit. On en fut pour la dépense de raccommoder ce qu’il avoit gâté, et pour la honte d’avoir sérieusement ajouté foi à cela.

M. d’Avaux vendit en ce temps-ci au président de Mesmes son neveu, sa charge de prévôt et grand maître des cérémonies de l’ordre, avec permission de continuer à porter le cordon bleu. D’Avaux l’avoit eue, en 1684, du président de Mesmes son frère, qui lui-même avoit obtenu la même permission de continuer à porter l’ordre, et ce président de Mesmes l’avoit eue en 1671 lors de la déroute de La Bazinière, son beau-père, fameux financier, puis trésorier de l’épargne, qui fut longtemps en prison, puis revint sur l’eau, mais sans emploi, et à qui il ne fut pas permis de porter l’ordre, depuis qu’il eut donné sa charge à son gendre,