Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ancien et en grande réputation. Il m’avoua son tort et fit tout ce que je voulus. Chamilly, le marquis d’Huxelles et plusieurs autres continrent le chevalier d’Asfeld, depuis maréchal de France comme eux, et parvinrent à faire embrasser Mélac et lui, et jamais depuis il n’en a été mention entre eux. À tout prendre, Mélac était un excellent homme de guerre, et un bon et honnête homme ; pauvre, sobre et frugal, et passionné pour le bien public.

Pelletier de Sousy, tiercelet de ministre par sa direction des fortifications qui lui donnoit un logement partout, jusqu’à Marly, pour son travail réglé seul avec le roi, le devint encore davantage par la place distinguée d’un des deux conseillers au conseil royal des finances, qui vaqua par la mort de Pomereu de l’opération de la taille. Ce dernier étoit fort considéré, fort droit, et celui des conseillers d’État qui avoit le plus d’esprit et de capacité, d’ailleurs grand travailleur, bon homme et honnête homme. Il étoit extrêmement des amis de mon père et étoit demeuré des miens. C’étoit un feu qui animoit tout ce qu’il faisoit, mais alloit quelquefois trop loin, et il y avoit des temps où sa famille faisoit en sorte qu’il ne voyoit personne. Après cela il n’y paraissoit pas. C’est le premier intendant qu’on ait hasardé d’envoyer en Bretagne et qui trouva moyen d’y apprivoiser la province.

Une autre mort seroit ridicule à mettre ici sans des raisons qui y engagent.

C’est celle de Petit, qui étoit fort vieux, et depuis grand nombre d’années médecin de Monseigneur. Il avoit de l’esprit, du savoir, de la pratique et de la probité, et cependant il est mort sans avoir jamais voulu admettre la circulation du sang. Cela m’a pari assez singulier pour ne le pas omettre.

L’autre raison est que sa charge fut donnée à Boudin, duquel il n’est pas temps de rien dire, mais dont il n’y aura que trop à parler, et pour des choses très importantes.

Le roi reçut à Fontainebleau la nouvelle de la liberté du