Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/27

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maréchal de Villeroy. Peu après que l’empereur fut informé du cartel réglé en Italie, il lui fit mander qu’il étoit libre et ne voulut point galamment qu’il payât sa rançon, qui avoit à cinquante mille livres. Cette liberté coûta cher doublement à la France, mais elle fut très agréable au roi. Le maréchal eut ordre d’attendre un officier chargé de le conduire de la part de l’empereur à travers l’armée du prince Eugène.

On vit à Fontainebleau une nouveauté assez étrange : Madame à la comédie publique dans la deuxième année de son deuil de Monsieur. Elle en fit d’abord quelque façon ; mais le roi lui dit que ce qui se passoit chez lui ne devoit pas être considéré comme le sont les spectacles publics.




CHAPITRE II.


Situation de Catinat. — Disposition de Villars. — Bataille de Friedlingen. — Villars fait seul maréchal de France. — Retour de Catinat et sa retraite. — Caractère de Villars. — Mort de M. le maréchal de Lorges. — Son éloge.


Catinat avoit eu grande occasion de s’apercevoir, à la tête de l’armée du Rhin, des suites d’un éclaircissement qui lui avoit mérité les plus grandes louanges du roi, mais qui avoit convaincu son ministre et commis Mme de Maintenon. Tous les moyens lui manquèrent, et le dépit de faire malgré lui une campagne honteuse le rendit mystérieux et chagrin jusqu’à mécontenter les officiers généraux, et les plus distingués d’entre les particuliers de son armée. La nécessité de secourir l’électeur de Bavière déclaré et molesté par les Impériaux, celle aussi d’en être secouru, fit résoudre de