Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/377

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sur toute raison de guerre et sur le sentiment de toute son armée, qui à peine osa-t-elle témoigner ce qu’elle en pensoit, tant le peu d’officiers généraux, de ceux qui étoient le mieux avec le duc de Vendôme, furent mal reçus dans leurs courtes et modestes représentations. Outre ces difficultés, la subsistance de la cavalerie y étoit d’une difficulté extrême, tellement qu’il fallut, dès les premiers commencements, renvoyer presque tous les équipages de l’armée du côté d’Alexandrie, où M. de Vaudemont leur fit donner des quartiers et du fourrage, mais pour de l’argent, à un prix modique.

On comprend ce que ce peut être pour tous les officiers généraux et particuliers qui font un grand siège sans investiture, vis-à-vis un camp ennemi séparé d’eux par la rivière, dans un très mauvais terrain, sans équipages, et qui sont avec cela obligés de les nourrir hors de leur portée à leurs dépens. Ce fut avec cette bonne nouvelle que le roi partit de Fontainebleau, le 23 octobre, pour retourner à Versailles par Sceaux, où il séjourna un jour. Incontinent après, il envoya Rouillé sans caractère résider à.

Bruxelles auprès de l’électeur de Bavière, avec vingt-quatre mille livres d’appointements. Il étoit président en la cour des aides, frère de Rouillé, qui avoit été directeur des finances et qui étoit conseiller d’État, et il étoit revenu, il y avoit deux ans, de Lisbonne, où il avoit été ambassadeur avec satisfaction.

C’étoit un homme d’esprit, appliqué, capable, un peu timide, et que les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers protégeoient fort. Il figurera dans la suite, et on le verra employé aux affaires les plus importantes et les plus secrètes, où il se conduisit toujours très bien : il est donc bon dès ici de le connoître.

Les mécontents de Hongrie ne se laissèrent point abattre par le grand et inespéré succès de la bataille d’Hochstedt. Loin d’écouter les propositions que l’empereur leur fit faire, ils prirent Neutra, et Ragotzi fut élu prince de Transylvanie. Il en envoya donner part au Grand Seigneur, et lui