Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/400

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des gardes du corps, et ces places s’achetoient déjà du capitaine pour s’exempter de la taille. J’ai peine à croire que la noblesse du Lyonnois l’ait employé en 1614 à dresser ses mémoires et à les présenter aux états, peut-être comme un compagnon entendu et intrigant, car on n’ose proférer le mot de député de la noblesse, qu’on n’eût pas oublié, s’il eût eu cet honneur qui auroit constaté la sienne. On le dit aussi chevalier de Saint- Michel ; mais dès lors, qu’est-ce qui ne l’étoit pas avec la plus légère protection, qui que l’on pût être ? Le père de celui-ci est donné pour avoir été mis commandant dans Condrieu par le duc de Nemours ; outre la petitesse de l’emploi, il ne prouve point de noblesse. Ce qu’ils ont de mieux est un oncle paternel de Villars, père du maréchal, archevêque de Vienne, duquel un oncle paternel le fut aussi. De ces temps-là de troubles encore plus que de ceux-ci, on choisissoit des évêques par d’autres raisons que par la naissance, et cette illustration, quand elle est unique, n’en est pas une. Ils prétendent en avoir eu deux antérieures, et ainsi quatre de suite. Mais on prétend aussi que ces deux précédents étoient de ces anciens Villars, seigneurs de Dombes, égaux en naissance aux dauphins[1] avec qui ils avoient des alliances directes, des filles de Savoie, et de très grandes terres ; que ce Villars du maréchal étoit aumônier du second de ces archevêques qui le prit en amitié, l’éleva, le fit évêque in partibus, puis son coadjuteur. En effet, il est difficile d’ajuster ces deux premiers Villars, archevêques de Vienne, oncle et neveu, qui ont tous deux fait un personnage principal dans toutes les

  1. Il s’agit ici des anciens seigneurs de Dauphiné qu’on appelait dauphins de Viennois.