Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/418

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vue à Paris, où Mme de Saint-Simon et moi lui avions envoyé témoigner notre joie et notre empressement de la voir. J’avois toujours conservé du commerce avec elle, et j’en avois reçu en toute occasion des marques d’amitié. Sandricourt, qui étoit de ma maison, et qui servoit en Espagne, duquel j’aurai un mot à dire en son temps, en avoit reçu à ma prière toutes sortes de distinctions, et elle l’avoit fort recommandé aux principaux chefs espagnols. Je fus très bien reçu. Cependant je m’étois promis quelque chose de plus ouvert. J’y fus peu. Harcourt, qui habilement ne l’avoit pas encore vue, y arriva et me fit retirer discrètement ; elle m’arrêta pour me charger de quelques bagatelles avec un air de liberté, et tout de suite reprenant toute son ouverture, elle me dit qu’elle se promettoit bien de me revoir bientôt et de causer avec moi plus à son aise : j’en vis Harcourt surpris. Sortant de la maison, j’y vis entrer Torcy. Il avoit fait en sorte, dès Paris, par sa mère, qu’elle irait souper chez lui. Elle étoit contente de l’avoir humilié, [et qu’il fût] venu chez elle par ordre du roi. Il n’étoit pas temps de faire des éclats et contre un ministre : elle n’avoit encore vu ni le roi ni Mme de Maintenon, et ce qui se passeroit avec eux devoit être la boussole de sa conduite. Le lendemain dimanche, huitième jour de son arrivée à Paris, elle dîna seule chez elle, se mit en grand habit, et s’en alla chez le roi, avec lequel elle fut dans son cabinet deux heures et demie tête à tête ; de là chez Mme la duchesse de Bourgogne, avec qui elle fut aussi assez longtemps seule dans son cabinet. Le roi dit le soir, chez Mme de Maintenon, qu’il y avoit encore bien des choses dont il n’avoit point encore parlé à Mme des Ursins. Le lendemain elle vit Mme de Maintenon en particulier fort longtemps et fort à son aise. Le mardi elle y retourna et y fut très longtemps en tiers entre elle et le roi ; le mercredi, Mme la duchesse de Bourgogne, qui avoit dîné et joué chez Mme de Mailly, y fit venir la princesse des Ursins à la fin du jeu, passa