Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/449

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dont j’aurai l’honneur d’envoyer une liste à Votre Majesté par le premier ordinaire.

« La cavalerie impériale a été entièrement renversée, sans que les escadrons de celle de Votre Majesté se soient démentis ; ils ont mené les ennemis jusqu’à un défilé qui les a fait perdre de vue, sans qu’ils se soient écartés pour le pillage ni pour faire des prisonniers.

« Les nouveaux régiments n’ont pas cédé aux anciens ; et pour nommer ceux qui se sont distingués, il n’y a qu’à voir l’ordre de bataille : M. de Vivans, commandant de la cavalerie ; M. Dauriac ; M. de Massenbach, colonel réformé, commandant par son ancienneté la brigade de Condé, a fait des merveilles ; M. le marquis du Bourg, colonel du régiment royal ; M. le prince de Tarente, capitaine dans ce même régiment ; M. de Saint-Pouange ; Fourquevaux, qui a sept étendards des ennemis dans son nouveau régiment ; M. de Conflans, brigadier. En un mot, je puis dire à Votre Majesté qu’elle peut compter que cette cavalerie s’est surpassée, et elle peut juger de la perte des Impériaux par la prise de trente étendards et de trois paires de timbales. Nous voyous, par des ordres de bataille pris aux ennemis, qu’ils avoient cinquante-six escadrons. Votre Majesté en avoit trente-quatre, les six de la reine et de Gévaudan ayant été détachés la veille pour marcher vers Neubourg.

« Notre infanterie avoit défait et renversé, par trois charges différentes, celle des ennemis, et pris leur canon ; mais sa trop grande ardeur, jointe à la mort de M. Desbordes, lieutenant général, et à celle de M. de Chavannes, brigadier, la porta à sortir dans la plaine, après avoir chassé les ennemis du bois, et à perdre ainsi son avantage. M. de Chamarande, qui dans tout le cours de cette action s’est parfaitement distingué, MM. de Schelleberg et du Tot, ne purent empêcher qu’elle ne revînt. Cependant on peut juger de l’avantage qu’elle a eu sur les ennemis, puisqu’elle leur a pris plusieurs drapeaux sans en avoir perdu un seul.

« Tous les jeunes colonels y ont montré une valeur infinie. MM. de Seignelay, de Nangis, de Coetquen, le jeune Chamarande, le comte de Choiseul, de Raffetot, ont toujours été dans le plus grand péril et le plus gros feu. Les ennemis ont eu plus de trois mille hommes tués sur le champ de bataille ; ils n’ont pas de nos prisonniers. Nous savons que le général Stauffemberg y a été tué. On dit aussi que le comte de Fürstemberg-Stühlingen, les comtes de Hohenlohe, Koenigseck et deux autres colonels sont prisonniers, avec vingt-cinq autres officiers.

« Le comte de Hohenlohe demande de pouvoir aller à Bâle sur parole. Nous avons été aujourd’hui sur le champ de bataille, et les endroits où leurs bataillons ont été défaits sont marqués par quantité d’armes abandonnées.

« Cependant le temps qu’il a fallu pour remettre quelque ordre dans