Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/450

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notre infanterie a sauvé celle des ennemis. Le chevalier de Tressemane, major général, y a parfaitement bien servi, aussi bien que le sieur de Beaujeu, maréchal des logis de la cavalerie. On a poussé les ennemis une lieue et demie au delà du champ de bataille, sur lequel l’armée de Votre Majesté a campé. On croyoit quatre petites pièces de canon égarées, mais elles ont été retrouvées ce matin. Jusqu’à présent on n’en a que deux de celles des ennemis ; mais j’en ai vu sept ou huit autres derrière notre infanterie. Il est rare et heureux, dans une affaire aussi rude et aussi disputée, que l’armée de Votre Majesté n’ait perdu ni drapeaux, ni étendards, ni timbales, et que l’on en ait plus de trente-quatre de ceux des ennemis. Voilà, Sire, le compte que je dois avoir l’honneur de rendre à Votre Majesté d’un avantage bien ordinaire à ses armes toujours victorieuses.

« Nous apprenons dans le moment que le comte (le Fürstemberg est mort de ses blessures. Ce seroit une grande perte pour l’empereur et pour M. le prince de Bade, dont il étoit l’homme de confiance. »


III. Retour de la princesse des Ursins en Espagne.


Pages 414 et 431.


Les papiers du duc de Noailles, conservés en partie à la bibliothèque impériale du Louvre, fournissent d’utiles renseignements pour contrôler les Mémoires de Saint-Simon, principalement en ce qui concerne les affaires d’Espagne. Voici, entre autres, deux lettres se rattachant au retour de la princesse des Ursins, dont Saint-Simon parle. La première est une dépêche de Louis XIV au duc de Grammont, ambassadeur en Espagne, et la seconde une lettre du duc de Grammont au maréchal de Noailles.


Dépêche de Louis IV au duc de Grammont.[1]


Versailles, le 13 janvier 1705.

« Mon cousin, depuis que j’ai parlé à la princesse des Ursins, il m’a paru nécessaire de la renvoyer en Espagne, et d’accorder enfin cette

  1. La copie de cette lettre se trouve à la bibl. imp. du Louvre, ms. F. 325, t. XXI, lettre 4.