Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/451

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grâce aux instances pressantes du roi mon petit-fils et de la reine. J’ai jugé en même temps qu’il convenoit au bien de mon service de vous charger de donner à la reine une nouvelle qu’elle désire avec autant d’empressement. Ainsi je fais partir le courrier qui sera chargé de cette dépêche avant même que d’annoncer à la princesse des Ursins ce que je veux faire pour elle. Je ne vous prescris point ce que vous avez à dire sur ce sujet. Il vous donne assez de moyens par lui-même de faire connoître au roi et à la reine d’Espagne la tendresse que j’ai pour eux, et combien je désire de contribuer à leur satisfaction.

« Je dirai encore à la princesse des Ursins que vous m’avez toujours écrit en sa faveur. Je suis persuadé qu’elle connoît l’importance dont il est, pour le bien des affaires et pour elle-même, de bien vivre avec vous, et qu’elle n’oubliera rien pour maintenir cette bonne intelligence. Si vous en jugez autrement, je serai bien aise que vous me mandiez, avec toute la vérité que je sais que vous ne me déguisez jamais, ce que vous en pensez, et même si vous croyez qu’il ne vous convienne pas de demeurer en Espagne après son retour.

« Cette sincérité de votre part confirmera ce que j’ai vu en toutes occasions de votre zèle pour mon service et de votre attachement particulier à ma personne. Vous devez croire aussi que ces sentiments me sont toujours présents, et que je serai bien aise de vous faire connoître en toutes occasions combien ils me sont agréables.

« Je renverrai incessamment le courrier par qui j’ai reçu votre lettre du 1er de ce mois, et je vous ferai savoir par son retour mes intentions sur ce qui regarde le siège de Gibraltar. Sur ce, » etc.


Lettre du duc de Grammont au maréchal de Noailles sur Mme des Ursins[1]. (Copie du temps.)


« 15 janvier 1705.

« Vous me demandez, monsieur, de la franchise et un développement de cœur au sujet de Mme des Ursins. Je vais vous satisfaire ; car je vous honore et vous aime trop pour y manquer. Je commencerai par vous détailler quelle est ma situation à cet égard. Le roi me mande, par sa lettre du 30 novembre dernier, qu’il a permis à Mme des Ursins de venir à la cour, mais que son retour ici seroit très contraire à son service. M. de Maulevrier, qui vient de quitter le

  1. Bibl. imp. du Louvre, ms. F. 325, t. XXI, lettre 8.