Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/119

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Pendant ces longs délais du pape, Torcy avoit eu loisir de faire ses réflexions sur le brillant mais dangereux personnage que faisoit à la cour son ami l’abbé de Polignac. C’étoit merveilles que le roi l’ignorât encore. M. de Beauvilliers avoit plus d’une raison de le désirer hors d’ici. Torcy crut donc rendre un grand service à son ami de l’en tirer promptement, et tout d’un temps au roi et à bien d’autres. Il le proposa pour l’auditorat de rote[1]. Il y fut nommé et il reçut cet emploi comme un honnête exil, dont à la fin Torcy lui fit comprendre la nécessité et les avantages, vers lequel néanmoins il s’achemina tout le plus tard qu’il put.




CHAPITRE VII.


Mort du cardinal de Coislin et sa dépouille. — Trois cent mille livres sur Lyon au maréchal de Villeroy ; sa puissance à Lyon. — Trois cent mille livres de brevet de retenue au grand prévôt ; chanson facétieuse. — Quatre cent mille livres de brevet de retenue au premier écuyer. — Grâces pécuniaires chez Mme de Maintenon. — Exil de du Charmel et ses singuliers ressorts. — Piété de du Charmel.


Il se peut dire que l’affaire de M. de Metz mit son oncle au tombeau. Elle l’avoit fait arriver d’Orléans, contre sa coutume, à Noël, et cette triste affaire s’étoit terminée avec toutes sortes d’avantages pour M. de Metz ; mais le cœur du cardinal de Coislin en avoit été flétri, et ne put reprendre son ressort. Il ne dura que six semaines depuis. Tout à la fin de janvier, il fut arrêté au lit, et il mourut la nuit du 3 au 4 février. C’étoit un assez petit homme, fort gros, qui

  1. Voy., sur le tribunal romain appelé la rote, t. II, p. 833, note.