Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/123

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qu’il lui donnoit sa charge. Ce fut pour lui art nouveau sujet d’empressement de -retour, et au cardinal de Bouillon un nouveau coup de massue. M. de Metz, qui arriva pour l’extrémité de son oncle à qui il devoit tout, en parut le moins touché, et scandalisa fort toute la cour. Orléans fut donné à l’évêque d’Angers. Pelletier, son père, écrivit au roi, de sa retraite, pour le supplier de dispenser son fils de cette translation. Le roi, excité par Mme de Maintenon et par M. de Chartres, le voulut absolument ; et Saint-Sulpice, qui avec sa grossièreté ordinaire regardoit ce diocèse comme fort infecté, mais qui n’osoit encore le dire, fit accepter M. d’Angers, dont son père fut très-affligé. Il parut que Dieu n’approuva pas ce choix, par la mort du translaté qui ne dura pas deux ans. La persécution étoit réservée à l’évêque d’Aire, frère d’Armenonville, qu’un coup de soleil avoit achevé d’hébéter, et qui n’en revint jamais bien dans le long temps qu’il vécut.

Le roi avoit donné au maréchal de Villeroy trois cent mille livres à prendre sur les octrois de Lyon, payables cinquante mille livres par an, en six années. Elles venoient de finir. Le même don lui fut renouvelé. On se repent quelquefois après d’avoir payé d’avance de méchants ouvriers. Alincourt, son grand-père, avoit eu la survivance du gouvernement de Lyon, Lyonnois, etc., de Mandelot, en épousant sa fille, sous Henri III. La Ligue avoit fait ce mariage entre Mandelot et le secrétaire d’État Villeroy, plus ardents ligueurs l’un que l’autre. De père en fils ce gouvernement étoit demeuré aux Villeroy. Alincourt, par son père et par la surprenante alliance que ce gouvernement lui fit faire avec le connétable de Lesdiguières et le maréchal de Créqui, s’étoit rendu le maître à Lyon. La faveur et la souplesse de son fils, le premier maréchal de Villeroy, l’y maintint, et plus encore le commandement en chef qu’y eut toute sa vie l’archevêque de Lyon, frère du maréchal qui s’y rendit le maître despotique de tout. La faveur de ce maréchal-ci,