Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/311

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il ne se parla plus de Bouillon, possédé par les Liégeois. Ils prirent parti pour l’empereur, en 1676, contre le roi. Les François prirent Bouillon, que le roi donna, en 1678, au duc de Bouillon, fils de celui dont on vient de parler, qui, sans aucun titre de souveraineté possible, comme on vient de le voir, y établit une cour souveraine. Cette entreprise fit une grande difficulté à la paix de Nimègue, mais à la fin les Liégeois cédèrent et protestèrent ; et il fut dit que la possession demeureroit à M. de Bouillon, et que la question de la propriété seroit décidée par des arbitres. Oncques depuis il n’en a été parlé.

On voit donc combien Bouillon est éloigné de pouvoir être une souveraineté, et à quel étrange titre M. de Bouillon en jouit. Il n’est pas nécessaire de s’y étendre davantage. En aucun temps depuis, les évêques, le chapitre et les états de Liège auroient été mal reçus à disputer Bouillon, quoique payé tant de fois, et de plus de leur ancien, domaine, au fils de celui à qui ils l’avoient si bien payé la dernière, à qui Louis XIV l’avoit donné après l’avoir pris sur eux, et qui lui a toujours accordé sa protection pour le garder. La suite de ce qu’est devenu Bouillon, pour n’être pas interrompue, nous a conduits jusqu’à Louis XIV et à son grand chambellan. Avant de parler de la maison de celui-ci, il faut achever ce qui regarde celle de La Marck.

On a vu ci-devant que l’héritière de Sedan et Bouillon avoit un oncle unique, frère cadet de son père. Il portoit le nom de comte de Maulevrier, et prit le nom de duc de Bouillon après la mort de sa nièce, en 1594. Il n’eut jamais ni ne prétendit aucun rang, servit Charles IX et Henri III en leurs guerres, fut capitaine des Cent-Suisses de la garde, et chevalier de l’ordre, le dernier décembre 1578, qui est la première promotion qui ait été faite.

Les ducs de, Nevers-Gonzague, Mercœur, frère de la reine, femme d’Henri III, Uzès-Crussol, et Aumale-Lorraine étoient en ce rang de leurs duchés à la tête de la promotion. Le comte