Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Bouillon que de réflexion à ce qu’il devoit de réparation à l’injure publique, voulut bien prendre ce parti.

Cependant l’abbé d’Auvergne, longtemps depuis cardinal au scandale public le plus éclatant et le plus éclaté, sollicitant de toutes ses forces, n’eut pas honte de dire aux juges, pour les toucher, à peu près ce que M. de Bouillon dit au roi.

De Bar enfin, atteint et convaincu d’avoir fabriqué ce cartulaire de l’église de Brioude, ne fut point poussé par delà l’aveu qu’il en fit en plein tribunal, pour éviter, par ordre du roi à La Reynie, qu’il ne parlât du cardinal, et peut-être de quelques autres Bouillon. Le cartulaire fut déclaré faux et fabriqué par ce faussaire, et par la raison susdite, de Bar, par le même arrêt, ne fut point condamné à mort, mais à une prison perpétuelle, parce que les autres faussetés sur lesquelles il fut d’abord arrêté n’étoient rien en comparaison de celle-ci. On peut comprendre que cette aventure fit un grand éclat ; mais ce qui ne se comprend pas si aisément, c’est que MM. de Bouillon, qui en devoient être si embarrassés, osèrent, quinze mois après, demander à M. le chancelier l’impression de l’Histoire de la maison d’Auvergne, et que M. le chancelier l’accorda. Les réflexions seroient trop fortes et m’écarteroient de mon sujet. Il en est seulement de dire que le monde en fut étrangement scandalisé, et qu’un aussi gros ouvrage et si recherché, dont le fondement unique étoit ce cartulaire, qui parut aussi promptement après l’éclat, ne sembla à personne avoir été fait et achevé qu’avec le cartulaire même, et par conséquent aussi faux que lui. C’est le jugement qui en fut universellement porté, qui déshonora Baluze jusqu’à faire rompre avec lui beaucoup de savants et plusieurs de ses amis, et qui mit le comble à la confusion de cette affaire. On verra en son temps ce que ce beau livre devint.

Après avoir réparé ces deux oublis, l’un sur la maison de Rohan, l’autre sur celle de Bouillon, revenons d’où nous sommes partis.