Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/365

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qui en étoit, assis. Aux autres conseils, tous ceux qui en sont s’assoient, excepté s’il y entre, comme il arrive quelquefois, des maîtres des requêtes qui viennent rapporter quelque procès au conseil de finances, où ils ne s’assoient jamais, et y entrent en ces occasions avec les conseillers d’État du bureau où le même maître des requêtes avoit auparavant rapporté la même affaire. Alors, les conseillers d’État de ce bureau opinent immédiatement après lui, assis, et coupent par ancienneté de conseillers d’État les ministres, les secrétaires d’État et le contrôleur général, et les uns et les autres y cèdent en tout aux ducs et aux officiers de la couronne, lorsqu’il s’en trouve au conseil, comme M. de Beauvilliers, qui étoit de tous, et les deux maréchaux de Villeroy avant et après lui.

La nécessité des affaires avoit fait embrasser toutes sortes de moyens pour avoir de l’argent. Les traitants en profitèrent pour attenter à tout, et les parlements n’étoient plus en état, depuis longtemps, d’oser même faire des remontrances. On établit donc un impôt sur les baptêmes et sur les mariages sans aucun respect pour la religion et pour les sacrements, et sans aucune considération pour ce qui est le plus indispensable et le plus fréquent dans la société civile. Cet édit fut extrêmement onéreux et odieux. Les suites, et promptes, produisirent une étrange confusion. Les pauvres et beaucoup d’autres petites gens baptisoient eux-mêmes leurs enfants sans les porter à l’église, et se marièrent sous la cheminée par le consentement réciproque devant témoins, lorsqu’ils ne trouvoient point de prêtre qui voulût les marier chez eux et sans formalité. Par là plus d’extraits baptistaires, plus de certitude des baptêmes, par conséquent des naissances, plus d’état pour les enfants de ces sortes de mariages qui pût être assuré. On redoubla donc de rigueurs et de recherches contre des abus si préjudiciables, c’est-à-dire qu’on redoubla de soins, d’inquisition et de dureté pour faire payer l’impôt.