Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/417

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tous deux à la fois, le père eût-il plusieurs grandesses, à moins que le fils n’eût succédé à sa mère morte qui en auroit eu une de son chef, où qu’il jouît de celle de sa femme qui lui en auroit apporté une ; 2° la grandesse passe toujours à l’aîné, et d’aîné en aîné, et ne fut jamais laissée au choix du père ; 3° [ce] qui n’est pas sans exemple, mais qui en a fort peu, est le don de la terre et d’un domaine aussi distingué. J’ai profité de l’exemple des deux qui sont sans exemple. Je remets ailleurs à expliquer ce qui fit que le duc de Berwick désira le choix entre ses enfants pour la grandesse. Le roi d’Espagne crut que ce n’étoit pas encore assez, il le fit chevalier de la Toison d’or[1].




CHAPITRE XXIII.


Différence du gouvernement de la Castille et de l’Aragon, l’un plus despotique que la France, l’autre moins que l’Angleterre. — Explication curieuse. — Philippe V abolit les lois et les privilèges de l’Aragon et de ses dépendances, et les soumet aux lois et au gouvernement de Castille. — Deux partis proposés par Médavy pour les troupes restées avec lui en Italie, tous deux bons, tous deux rejetés. — Traité pour le libre retour des troupes en abandonnant l’Italie. — Duc de Mantoue, dépouillé sans être averti, se retire précipitamment à Venise. — Contraste étrange de la fortune des alliés de Louis XIII et de ceux de Louis XIV. — Médavy à Marly ; sa récompense. — Arrivée de Vaudémont à Paris et à la cour. — Chambre de la Ligue. — Vaudémont et ses nièces ; leur union, leur intérêt, leur cabale, leur caractère, leur conduite. — Étrange découverte de Mme la duchesse de Bourgogne sur Mme d’Espinoy. — Mme de Soubise ; son caractère ; son industrie.


Le roi d’Espagne profita de l’état où la bataille d’Almanza et ses suites venoient de mettre les affaires d’Aragon, et de

  1. Passage omis par les anciens éditeurs depuis On a déjà vu.