Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/419

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laquelle et au nom duquel émanent toutes les autres. C’est une autre vérité que les états généraux mêmes ne se peuvent assembler que par les rois, qu’ils n’ont dans leur assemblée aucune puissance législative, et qu’à l’égard des rois, ils n’ont que la voix consultative et la voix de représentation et de supplication. C’est ce que toutes les histoires et toutes les relations des états généraux montrent avec évidence. La différence d’eux aux parlements est que le corps représentatif de tout l’État mérite et obtient plus de poids et plus de considération de ses rois qu’une cour de justice, ou que plusieurs ensemble, quelque relevée qu’elle puisse être. Qu’il est vrai que ce n’est que depuis plusieurs siècles que les états généraux en sont réduits en ces termes, surtout quant aux impositions, et qu’il ne l’est pas moins que jamais les parlements n’ont eu plus d’autorité que celle dont ils jouissent. Je m’étendrois trop si je voulois traiter ici de certaines formes nécessaires pour les affaires majeures qui regardent la couronne même, ou les premiers particuliers de l’État. Ce sont d’autres sortes de formes majeures comme les affaires majeures qui les exigent, et dont Louis XIV même, qui a porté son autorité bien au delà de ce qu’ont fait tous ses prédécesseurs, n’a pas cru se devoir départir, ni de son aveu même pouvoir les omettre. Toujours demeure-t-il constant que l’autorité de nos rois a laissé subsister ce qui vient d’être exposé.

En Castille, rien moins : les cortès ou états généraux ne s’y assemblent plus par ordre des rois que pour prêter les serments que le roi veut recevoir, ou qu’il veut faire prêter au successeur de sa couronne. Il ne s’y agit de rien de plus depuis des siècles. La cérémonie et la durée des cortès ne tient pas plus d’une matinée. Pour le reste il y a un tribunal qui s’appelle le conseil de Castille, dont la juridiction supérieure s’étend sur toutes les provinces soumises à cette couronne, qui n’ont chez elles que des tribunaux subalternes qui y ressortissent, avec une dépendance bien plus soumise