Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/427

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gouvernement du Milanois ; et son bonheur, aidé de sa cabale, fut tel, que le roi lui sut le meilleur gré du monde de cette faiblesse d’appuyer, comme étant plus sincère qu’intéressé. Enfin, dans le besoin où on étoit de troupes, bonnes et vieilles, on ne considéra pas où elles seroient le plus utiles pour occuper l’ennemi et l’éloigner de nos frontières, on ne se frappa que de l’idée de sauver celles-ci et de les employer dans nos armées.

Vaudemont fut donc chargé de négocier, de concert avec Médavy, le libre retour de nos troupes et de leur suite, leur retraite en Savoie, la route qu’elles tiendroient, et tout ce qui regardoit leur marche et leur subsistance en payant, et en abandonnant tout ce que nous tenions en Italie. On peut juger s’il eut peine à être écouté et à conclure un traité si honteux pour la France, et si utile et si glorieux à ses ennemis. Tout fut donc arrêté de la sorte, et le général Patay fut livré pour otage à Médavy pour marcher avec lui jusqu’à ce que toutes nos troupes et leur suite fût arrivée en Savoie. C’est ce que Médavy eut la douleur de recevoir ordre d’exécuter.

Tout y fut fait assez à la hâte pour ne se donner pas le loisir d’en avertir le malheureux duc de Mantoue à temps, dont les places, l’État et Mantoue même furent remis aux troupes de l’empereur. Le duc de Mantoue se retira en diligence à Venise avec ce qu’il put emporter de meilleur, et envoya sa femme, dont il n’eut point d’enfants, en Suisse pour ne se revoir jamais. Le dessein étoit qu’elle allât en Lorraine : rien n’étoit plus naturel ; mais M. de Lorraine étoit trop à l’empereur pour oser recevoir chez lui sans la permission de ce prince l’épouse d’un allié de la France, dépouillé à ce titre, et pour avoir si longtemps mis l’empereur dans le plus grand embarras par avoir reçu les François dans Mantoue.

Louis XIII avoit conservé, et deux fois rétabli à main armée dans les États de Mantoue et de Montferrat, le père