Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/437

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particuliers, quand les billets pourroient y suppléer ; de le voir même à la porte de son cabinet, quand elle n’auroit qu’un mot court à dire ; de n’aller presque jamais à Marly, pour éviter toute occasion ; de choisir les voyages les plus courts, et de n’y aller qu’autant qu’il seroit nécessaire pour empêcher le monde d’en parler ; de n’être jamais d’aucune des parties particulières du roi, ni même des fêtes de la cour que lorsque, étant fort étendues, ce seroit une singularité de n’en être pas ; enfin, que demeurant souvent à Versailles et à Fontainebleau où ses affaires, sa famille, sa coutume qu’il ne falloit pas changer aux yeux de son mari, la demandoient, elle n’y chercheroit jamais à rencontrer le roi, mais se contenteroit, comme toutes les autres dames, de lui faire sa cour à son souper assez souvent (où même, ni au sortir de table, elle trouvoit fort à propos que le roi ne lui parlât point, non plus qu’il avoit accoutumé de parler aux autres). De son côté, Mme de Maintenon lui promit service sûr, fidèle, ardent, exact dans tout ce qu’elle pourroit souhaiter du roi pour sa famille et pour elle-même ; et de part et d’autre elles se sont toutes deux tenu parole avec la plus scrupuleuse intégrité.

Rien aussi ne convenoit plus à l’une et à l’autre. Mme de Maintenon se délivroit de toute inquiétude par celle-là même qui lui en auroit donné de continuelles et d’impossibles à parer, et il ne lui en coûtoit que de la servir en toutes choses qui n’alloient point à les renouveler, et qui d’ailleurs lui étoient parfaitement indifférentes, et entièrement à part de tout ce qu’elle pouvoit souhaiter. En même temps elle se donnoit des occasions de plaire au roi, au lieu de l’importuner de jalousie, en se montrant amie, servant celle qui lui en auroit pu donner, et pour qui le goût du roi, qui ne s’est jamais ralenti, s’étoit tourné en bonne amitié et en considération du premier ordre. Mme de Soubise, par cette adresse, secondoit la dévotion et les scrupules du roi, le mettoit à l’aise avec elle, et cultivoit cette affection dans l’autre tour