Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/440

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NOTES


I. histoire et condamnation de b. de fargues.


Pages 58 et suiv.


Saint-Simon raconte comment Fargues fut arrêté dans sa maison de Courson par les huissiers du parlement, et sur un ordre du premier président de Lamoignon, amené à Paris, condamné à mort, et exécuté. Il ajoute que le premier président, qui avoit dirigé la procédure, s’enrichit par la confiscation d’une partie des biens de Fargues. Ce récit, qui incrimine la mémoire de Guillaume de Lamoignon, renferme plusieurs erreurs ; et, sans entrer dans une discussion approfondie, il suffira d’opposer à Saint-Simon, ou plutôt à Lauzun, l’autorité d’un contemporain, témoin impartial, qui avoit bien connu B. de Fargues, et qui donne les détails les plus précis sur sa condamnation et sur son supplice.

Rappelons d’abord que le fait dont il s’agit se passa au commencement de l’année 1665, longtemps avant la naissance de Saint-Simon. Cet écrivain cite comme unique autorité le duc de Lauzun, personnage célèbre par ses intrigues, sa vanité, l’éclat de sa fortune et de sa chute. On voit tout de suite quelle confiance mérite un pareil témoignage. Aussi, lorsqu’en 1781, La Place publia, dans le premier volume de ses Pièces intéressantes et peu connues pour servir à l’histoire, le récit de l’arrestation et de la mort de B. de Fargues, emprunté textuellement aux Mémoires encore inédits de Saint-Simon, la famille de Lamoignon réclama, et produisit des pièces qui établissoient que Fargues n’avoit pas été condamné par le parlement de Paris, mais par l’intendant d’Amiens et par d’autres commissaires délégués par le roi, et que le premier président n’avoit obtenu la terre de Courson qu’en 1668, en sa qualité de seigneur de Bâville, dont relevoit Courson.