Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/136

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point d’enfants légitimes. Il fit roi de Naples et de Sicile, par son abdication et par le consentement de son parti, Ferdinand son bâtard Jean II, son frère, lui succéda à la couronne d’Aragon, et fut père de Ferdinand le Catholique, qui, par son mariage avec Isabelle, reine de Castille, réunit toutes les Espagnes comme je viens de le dire ; et, comme on le voit, Isabelle et Ferdinand le Catholique étoient issus de germains et de même maison, c’est-à-dire que le comte de Transtamare étoit également de mâle en mâle leur trisaïeul.

Alphonse, bâtard d’autre Alphonse susdit roi d’Aragon, par l’abdication duquel il devint roi de Naples et de Sicile, comme on vient de le dire, y régna trente-sept ans, toujours en guerre ou en troubles, laissa sa couronne à Alphonse VI, son fils, qui ne la posséda pas plus tranquillement. Il l’abdiqua en faveur de Jean II son fils, qui mourut à la fleur de son âge sans enfants. Frédéric II, son oncle paternel, lui succéda. Ferdinand le Catholique, dont son père étoit, par bâtardise, cousin germain, ne laissa pas de le dépouiller de concert avec Louis XII, qu’il trompa ensuite cruellement, et acquit ainsi à soi et à sa postérité les royaumes de Naples et de Sicile. Frédéric II vint mourir de chagrin en France [1]. Ainsi finit, à Naples et en Sicile, le règne de ces bâtards d’Aragon.

Ce Frédéric II, dépouillé et mort en France en 1509, avoit épousé une fille d’Amédée IX, duc de Savoie, puis Isabelle des Baux, fille du prince d’Altamura. Il laissa trois fils et trois filles. Je ne m’arrêterai point aux trois fils, parce qu’ils moururent tous trois sans enfants, et finirent ainsi

  1. Ce roi, qui régna de 1496 à 1501, est ordinairement désigné sous le nom de Frédéric III. En effet, il y avait eu antérieurement, en Sicile, deux rois du nom de Frédéric : au XIIe siècle, Frédéric Ier (1197-1250), et Frédéric II (1355-1374). Cependant, comme ce dernier ne régna que sur la Sicile, alors séparée du royaume de Naples, on a quelquefois donné, comme le fait ici Saint-Simon, le nom de Frédéric II au prince qui régnait à la fin du XVe siècle.