CHAPITRE X.
L’électeur eut grand’peine à quitter la Flandre : il y étoit avec décence dans les restes de son gouvernement, et par là même il y commandoit avec décence l’armée française. Là, il n’agissoit directement que contre la Hollande et l’Angleterre, les Impériaux n’y étoient qu’auxiliaires. Sur le Rhin il étoit dépaysé, hors de son gouvernement, aux mains directement avec l’empereur et l’empire, dans la situation si personnellement fâcheuse où il se trouvoit, qu’il étoit de son intérêt de n’aigrir pas, dans la perspective d’une paix tôt ou tard à faire. C’étoit de général naturel dans son gouvernement devenir général à gages et mercenaire, allant où on l’envoyoit, et avilir sa dignité, que, dans ses disgrâces, il avoit si fort rehaussée. D’autre part, c’étoit avilir encore plus celle de l’héritier nécessaire de la couronne, par montrer, en déplaçant l’électeur, que ce prince ne voudroit pas lui obéir. Après bien des représentations d’un prince sans ressources, Chamillart eut recours à l’argent, quelque court qu’il en fût, et l’électeur, faute de pouvoir mieux, en prit pour sauter le bâton de l’armée du Rhin. Il eut huit cent