Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/415

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du 9 au 10 octobre fut encore plus vive. Ils attaquèrent par trois fois le chemin couvert, et furent repoussés autant de fois ; à la quatrième, ils l’emportèrent, arrachèrent les palissades des traverses et mirent quantité de gabions. Quatre cents dragons firent une sortie sur eux, les rechassèrent pas un long combat, ôtèrent les gabions, rétablirent les palissades, tellement que les ennemis n’en furent de rien plus avancés. Ce fut le quinzième grand combat depuis le commencement du siège. Le 13 octobre, le chemin couvert fut attaqué en plein jour, trois fois à heures différentes, et les assiégeants toujours repoussés. Ils y revinrent une quatrième avec plus de troupes, et se rendirent maîtres d’une traverse du chemin couvert. La brèche du bastion gauche étoit de cinquante toises, que le maréchal avoit fort fait escarper et accommoder avec des arbres et tout ce qu’il avoit pu trouver de grilles de fer. Le chevalier de Luxembourg fit le 16 une grande sortie, renversa quelques travaux, tua assez de monde, mais il ne put les chasser du chemin couvert. Ils travailloient fort alors à saigner le fossé et à faire de nouvelles brèches avec leur artillerie. On ne finiroit point à coter simplement tous les beaux faits d’armes qui s’y exécutèrent.

On étoit cependant fort occupé de toutes les mesures qu’on pouvoit prendre pour empêcher les convois aux ennemis, qui en avoient déjà amené un fort considérable devant la place, et en même temps de profiter de l’occupation de toutes leurs troupes pour faire quelque diversion, et se dédommager par quelque chose. L’électeur de Bavière avoit remis à du Bourg le commandement de l’armée du Rhin qui n’avoit qu’à subsister tranquillement, séparée des Impériaux par ce fleuve, lesquels ne pensoient aussi qu’à vivre. Le duc d’Hanovre hors d’état de rien entreprendre, et lassé d’une campagne si insipide, étoit retourné chez lui, et l’électeur étoit à Compiègne, où le roi lui fit trouver toutes sortes d’équipages de chasse, et où il lui envoya le duc d’Humières