Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/450

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son emploi, s’en voulut défaire. Il fallut attendre le retour de ce prince, qui, pour la première fois, pressé pour la même grâce par Mme d’Argenton d’une part et par Mme la duchesse d’Orléans de l’autre, donna l’agrément de la charge de Sassenage à d’Armentières, en faisant son mariage avec la fille de Mme de Jussac, qui y trouva encore d’autres facilités de grâces, et qui, toujours avec l’appui de Mme d’Argenton, fit passer à Conflans la charge de maître de la garde-robe qu’avoit son frère devenu premier gentilhomme de la chambre.

M. le duc d’Orléans arriva le 6 décembre, et fut aussi bien reçu que le méritoit sa glorieuse et pénible campagne, qui ne le raccommoda pourtant pas avec Mme des Ursins, ni avec Mme de Maintenon.

Ce fut en ce temps-ci que le comte de Tonnerre épousa la fille de Blansac, dont j’ai assez parlé (t. IV, p. 308) pour n’avoir rien à y ajouter. Ce mariage le fit sortir de la Bastille immédiatement avant de le célébrer.

J’ai avancé le récit de quelques menus événements de la fin de cette année, comme j’en ai retardé quelques-uns auparavant, pour ne pas interrompre celui des choses de Flandre, où il est temps de retourner. Mais auparavant il faut dire que je ne fus pas longtemps à la Ferté sans y recevoir une lettre de l’évêque de Chartres, datée de Saint-Cyr, qui m’avertissoit qu’on m’avoit rendu les plus mauvais offices du monde auprès du roi et de Mme de Maintenon, et qui avoient pris. Je lui écrivis à l’instant par un exprès pour avoir plus d’éclaircissement qu’un avis si vague, et pour lui fournir, sur ce que je savois qu’on avoit répandu contre moi sur Lille et sur mon pari, de quoi me défendre en attendant qu’il m’eût instruit et que je pusse avec plus de précision parer aux coups, qu’on m’avoit portés. Je ne fus pas surpris, mais embarrassé d’être instruit, parce que M. de Chartres étoit retourné à Chartres lorsque mon exprès arriva à Saint-Cyr, et qu’il ne voulut pas depuis m’en apprendre davantage.