Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fâcheuses dont le poids de l’envie et des mauvais offices retomberoit sur lui, selon que les événements seroient bons ou mauvais, lorsqu’ils auroient paru les suites de son opinion ; en Allemagne, c’étoit un voyage et non une campagne où le duc d’Harcourt et le duc d’Hanovre ne chercheroient qu’à subsister. Ne servir plus, outre ce qui a été d’abord remarqué, ce seroit, en cas de malheurs et de discussions, s’exposer à être saisi comme une ressource pour aller réparer des fautes peut-être peu réparables, et peut-être également dangereuses à réparer pour la politique, et à ne pas réparer pour I’État et sa propre réputation, se perdre aisément en acceptant, et plus sûrement encore en refusant. Ces raisons parurent déterminer M. le duc d’Orléans à un désir plus effectif de retourner en Espagne.

À peu de jours de là, le roi lui demanda comment il se croyoit être avec la princesse des Ursins ; et parce qu’il lui répondit qu’il avoit lieu de se persuader d’être bien avec elle, parce qu’il n’avoit rien fait pour y être mal, le roi lui dit qu’elle craignoit pourtant fort son retour en Espagne, qu’elle demandoit instamment qu’on ne l’y renvoyât pas ; qu’elle se plaignoit qu’encore qu’elle eût tout fait pour lui plaire, il s’étoit lié à tous ses ennemis ; que ce secrétaire Renaut entretenoit avec eux un commerce étroit et secret qui l’avoit obligée à demander son rappel, dans la crainte qu’il ne lui fit de la peine par le nom de son maître.

M. d’Orléans répondit qu’il étoit infiniment surpris de ces plaintes de Mme des Ursins ; qu’il avoit toujours eu grand soin, comme Sa Majesté le lui avoit recommandé, de ne se mêler d’aucune affaire que de celles de la guerre ; qu’il n’avoit rien oublié pour ôter à Mme des Ursins tout ombrage qu’il voulût entrer en rien, et pour lui témoigner qu’il vouloit vivre, en union et en amitié avec elle, comme il y avoit en effet vécu. Il conta au roi l’éclaircissement qu’il avoit eu avec elle, et que j’ai rapporté ci-dessus, dont elle étoit demeurée très satisfaite, ainsi que Leurs Majestés Catholiques