Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/332

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place de la duchesse du Lude, si celle-ci âgée et goutteuse venoit à manquer, et nous n’en pouvions même douter. Mme de Saint-Simon eut donc une conversation avec elle dans son cabinet, seule, un matin ; pour découvrir par elle la cause de la situation où je me trouvois, et les moyens d’y remédier si cela étoit possible, avant que de prendre notre parti prêt à exécuter.

Elle fut reçue personnellement avec toute la bonté et l’intérêt possible, mais avec une froideur très marquée à mon égard ; elle ne fut pas même difficile à en rendre raison, et de dire à Mme de Saint-Simon qu’il lui étoit beaucoup revenu que j’avois été extrêmement contraire à Mgr le duc de Bourgogne pendant la campagne de Flandre, et que je ne m’étois pas contraint de m’en expliquer. La surprise de Mme de Saint-Simon fut d’autant plus grande qu’elle avoit su à mesure tout ce qui s’étoit passé là-dessus par Mme de Nogaret, et même par M. de Beauvilliers, et qu’il n’étoit pas possible que Mgr le duc de Bourgogne ne lui eût dit lui-même combien il étoit content de moi là-dessus. Mais la princesse étoit légère, en proie à chacun, et il s’étoit trouvé d’honnêtes gens qui avoient détruit dans le cours de l’hiver tout ce qui s’étoit passé dans celui de cette étrange campagne. Je reviendrai à ces bons offices-là dans un moment.

Mme de Saint-Simon se récria, lui rappela ce que je viens de dire ; et pour lui faire une impression plus précise, la pria de s’en informer particulièrement à M. de Beauvilliers, avec qui elle avoit été en si continuelle relation dans le cours de cette longue campagne, et à M. le duc d’Orléans, dont elle étoit si fort à portée, et avec lequel j’avois été en commerce de lettres continuelles pendant le même temps, et si étroit avec lui toujours depuis son retour.

Ces réponses firent impression. La princesse s’ouvrit davantage à mesure que Mme de Saint-Simon lui dit de faits forts et précis là-dessus, et qu’elle lui fit entendre que la cabale de M. de Vendôme, ne pouvant faire pis, pour se