Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/348

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pas la porte à des retours favorables. La mère négocia pour sa fille une seconde visite chez Mme de Maintenon, le roi l’accorda. Elles l’y trouvèrent comme la première fois, et Mme la duchesse de Bourgogne. Le singulier fut que le roi et elle s’assirent et laissèrent la mère et la fille debout, sans qu’on leur donnât de ployants, sans que le roi leur proposât de s’asseoir en aucune façon ; il lui dit quelques mots à diverses reprises et puis la congédia.

Elle passa dans le grand cabinet, où Mme la duchesse de Bourgogne la fut trouver aussitôt, et un moment après, l’y laissa et rentra dans la chambre. Mme de Mantoue trouva dans ce cabinet des dames du palais et quelques autres de celles qui avoient la liberté d’y entrer. Elle essaya de se les concilier par les politesses et les amitiés les plus excessives, et repartit de là pour son Vincennes.

Ces dégoûts étoient grands pour des projets si hauts. Mme d’Elboeuf avoit eu la folie de parler de M. le duc de Berry comme d’un parti sortable à peine pour sa fille, et je pense que cela eut quelque part au refus du siège à dos.

Éconduite à la cour, où Mme de Mantoue ne remit plus le pied de sa vie, elle voulut du moins dominer dans Paris, et s’y former un rang à son gré. Elle parut d’abord aux spectacles avec sa mère, toutes deux réduites à s’y faire suivre par Mme de Pompadour, qui que ce soit n’ayant voulu tâter de leur compagnie, où elles firent vider une loge à de petites bourgeoises, dont le petit état couvrit l’affront et empêcha le monde de crier.

La première aventure qui lui arriva, outre celles des fiacres, fut à la seconde porte du Palais-Royal, avec M. et Mme de Montbazon, qui étoient seuls ensemble dans leur carrosse à deux chevaux, que celui de Mme de Mantoue voulut faire reculer avec hauteur. Sur la résistance, Mme d’Elboeuf, qui étoit avec sa fille, envoya un gentilhomme dire à M. de Montbazon que c’étoit Mme de Mantoue qui le prioit de reculer. M. de Montbazon répondit que, s’il étoit seul,