Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/359

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La Flandre, dès l’ouverture de la campagne, fut l’objet principal, pour ne pas dire l’unique, de toute l’attention et de toutes les inquiétudes, et le fut jusqu’à la fin de la campagne. Le prince Eugène et le duc de Marlborough, joints ensemble, continuoient leurs vastes desseins et de dédaigner de les cacher. Leurs amas prodigieux annonçoient des sièges. Dirai-je que notre faiblesse les désiroit, et que nous ne comptions sur notre armée que pour les conserver ?

Il est pourtant vrai qu’Artagnan, détaché avec huit bataillons de l’armée et quatre de la garnison d’Ypres, commandés pour le joindre au rendez-vous, enleva Warneton fort aisément, où les ennemis avoient mis seize cents hommes avec quelques munitions dans le dessein de le fortifier. Ces seize cents hommes se rendirent à discrétion, commandés par un brigadier et quarante-cinq officiers ; et que le maréchal de Villars eut encore un autre petit avantage à un fourrage ; mais c’étoient des bagatelles.

L’orage se forma sur Tournai, comme je l’ai déjà dit, et où Surville commandoit, et Mesgrigny aussi, lieutenant général et gouverneur particulier de la citadelle, avec les troupes dont j’ai fait mention. La tranchée fut ouverte la nuit du 7 au 8 août. Le maréchal de Villars laissa former ce siège et ne fit aucune contenance de s’y opposer, content de subsister et de tenir force propos. Il faut dire aussi que le pain lui étoit fourni plus régulièrement, que l’argent n’y arrivoit que peu à peu et par de très petites sommes, et que tout y étoit à craindre de la désertion et du découragement. Surville [ne] tint que vingt jours et battit la chamade le 28 juillet au soir. Il envoya le chevalier de Rais au roi, qu’il trouva à Marly, et qui dit que la garnison n’étoit que de quatre mille cinq cents hommes, réduite alors à trois mille hommes pour entrer dans la citadelle, qu’il y avoit des brèches de trente toises aux trois attaques, que l’ouvrage à cornes des sept fontaines avoit été emporté avec le bastion voisin et le réduit de l’ouvrage, et que l’assaut s’alloit donner