Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/367

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De cette conduite réciproque, personne ne put juger de ce que Villars pensa de se voir tomber tout à coup un tel second, qu’il n’avoit point demandé, s’il en fut peiné, s’il s’en trouva contraint, si dans l’angoisse des affaires il fut bien aise d’être doublé, si sa vanité satisfaite de conserver le généralat dans son entier, en présence d’un maître à tous égards, la lui rendit agréable ; en un mot rien ne s’en put démêler.

Quoi qu’il en fût, ces deux généraux n’en firent qu’un seul. Boufflers, fidèle à sa résolution, en garde contre l’air de censeur, donna dans tout ce que Villars voulut, sans y former la moindre résistance, et avec une bonne grâce qui dut l’élargir.

L’armée ennemie marcha vers Mons incontinent après la prise de la citadelle de Tournai. Villars rappela tous les corps qu’il avoit détachés ; et le roi d’Angleterre, qui sous l’incognito et le nom de chevalier de Saint-Georges, faisoit la campagne, volontaire comme l’année précédente, accourut avec un reste de fièvre et sans consulter ses forces. Il avoit été obligé de s’éloigner un peu de l’armée par une fièvre violente ; mais il ne voulut pas consulter sa santé ni sa faiblesse en des moments si précieux à la guerre.

Il y avoit dans Mons peu de troupes et peu de vivres. L’électeur de Bavière en sortit, s’arrêta peu à Maubeuge, et s’en alla à Compiègne.

La garnison de la citadelle de Tournai, quoique prisonnière de guerre, fut conduite à Condé. Les ennemis lui laissèrent ses armes et son bagage, et firent à Surville la galanterie de deux pièces de canon. Elle étoit encore de trois mille hommes, et destinée pour échange de leurs prisonniers faits à Warneton et ailleurs. Surville et Ravignan eurent leur liberté, mais à condition que, si nous faisions des prisonniers de leur grade, on leur en rendroit deux sans échange.

Ce qui termina de bonne heure la campagne du Rhin est