Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/188

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se départir, et dont on a vu ailleurs que le premier présidant Harlay s’étoit moqué si cruellement en parlant à sa personne. Il n’y avoit pas jusqu’aux Bissy à qui l’ivresse de la faveur de leur évêque de Meaux ne tournât la tête, jusqu’à prétendre la dignité de Pont-de-Vaux, et cinq ou six autres de même espèce [qui], par les tortures prétendues applicables aux duchés femelles, eussent eu lieu, et tombées dans la boue par des alliances et des arrière-alliances déjà contractées.

C’est ce qui nous faisoit peur pour le renversement entier de tout ordre et de toute règle parmi nous, par l’achèvement de toute ignominie dans la transmission de ces dignités sans mesure ; et même en réussissant contre elles, par une vie misérable de chicanes, de procès et de procédés, chacun ne manquant point de chicanes et de subterfuges pour détourner de dessus soi la condamnation de son voisin et même de son semblable, et se présenter hardiment sous des apparences d’espèces différentes. C’étoit néanmoins ce qui nous pouvoit arriver de mieux que de gagner en luttant, et de nous consumer en luttes.

Nous ne cessions de nous plaindre de ces amas de prétentions et de procès, que nous nous voyions pendre sur la tête par le fait de d’Antin, que son exemple avoit ranimés ; et nous nous servions de ce débordement pour aggraver l’importance de laisser les choses dans les règles de tout temps suivies et reconnues. D’Antin, qui s’en aperçut, et que ce que nous alléguions là-dessus ne nous étoit pas inutile, sut tourner court et prendre au bond cette balle avec finesse pour s’en servir lui-même avec avantage. Outre tout le mauvais de sa cause en soi, dont il fut toujours très-persuadé comme il nous l’a avoué depuis, il sentoit l’extrême embarras où il alloit tomber par nos fins de recevoir qu’il ne pouvoit assez s’étonner que nous eussions découvertes, ce qui étoit l’ouvrage de Vesins, l’un de nos meilleurs avocats. La cause dirimante par la mésalliance de