Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/192

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acheva de me déterminer, parce que le poids de toutes ces sortes d’affaires tomboit toujours sur moi, en tout ou en la plus grande partie, pour le travail dont je ne me pouvois défendre, et pour la haine qui en résultoit, avec peu ou point de secours ni d’appui.

Ce parti bien pris en moi-même, et justement fondé sur nos misères intérieures dont je n’avois qu’une trop continuelle expérience, il fut question d’y travailler. Pour le faire utilement, le chancelier me montra le projet du premier président d’Harlay. Nous l’examinâmes ensemble ; et pour mieux faire, il me le confia pour en tirer une copie, et pour, sur cette copie, faire mes notes, afin de les discuter après avec lui, et arrêter ensemble un nouveau projet sur cet ancien, qui nous fît trouver notre compte par des lois sages et justes, et par des avantages qui, autant que le temps le pouvoit comporter, nous dédommageassent de la confirmation de la grandeur des bâtards, qu’il falloit bien s’attendre devoir être énoncée dans ce règlement.

Pour mieux entendre ce qu’il en arriva, il ne sera pas peu à propos ni peu curieux d’insérer ici, plutôt que le renvoyer aux Pièces, cet ancien projet du premier président d’Harlay, avec les notes que je mis à chaque article de ce que je crus qui y devoit être changé, retranché ou ajouté ; l’ancien projet d’un côté à mi-marge, mes notes de l’autre, vis-à-vis chaque article, tel que je le donnai au chancelier. Cet ancien projet avoit été concerté entre le chancelier, lors contrôleur général et secrétaire d’État de la maison du roi et ministre, le premier président d’Harlay, et d’Aguesseau, lors avocat général, aujourd’hui chancelier, communiqué par ordre du roi, et revu par le duc de Chevreuse, qui en-avait, disoit-il, perdu la copie qu’il en avoit eue, et convenu pour lui-même, et par MM. de Luxembourg père et fils pour eux, et resté en 1696 fixé entre eux tel qu’il suit :