Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/230

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M. de Luxembourg, il étoit fort mal avec lui, et que d’ailleurs il avoit cherché à se raccommoder par feu Mme de La Trémoille avec M. de La Rochefoucauld, que ce même procès avoit brouillé avec lui. Ainsi M. de Saint-Simon se tut et ne jugea pas à propos de l’irriter en lui parlant du brevet de 1645, que le parlement avoit enregistré, que ce magistrat ignoroit ou vouloit ignorer, et se retira sans lui rien répondre là-dessus. De retour qu’il fut le soir même à Marly, il apprit par feu M. le duc de La Trémoille que M. de La Rochefoucauld désiroit que le procès se jugeât entre eux. M. de Saint-Simon pria M. de La Rochefoucauld de s’expliquer franchement avec lui, lequel lui dit que Retz étant éteint, l’âge et l’état de la famille de feu M. de Saint-Simon avoit toujours fait juger que sa dignité s’éteindroit de même, que cette considération avoit toujours arrêté toute pensée de jugement, mais que présentement l’état des choses qui avoit changé faisoit aussi changer de sentiment, et qu’il désiroit que l’affaire fût jugée. Ils parlèrent ensuite de la manière d’en user réciproquement, et M. de La Rochefoucauld voulut des arbitres pairs. M. de Saint-Simon lui représenta que le roi seul ou le parlement étoient les juges uniquement compétents, et que jamais un autre jugement ne pourroit être solide ; mais il n’y eut pas moyen de le persuader, et tous deux convinrent de sept juges, qui furent MM. de Laon, Sully, Chevreuse, Beauvilliers, Noailles, Coislin et Charost. M. de Saint Simon insista pour qu’il y eût au moins un magistrat rapporteur. Cela fut également rejeté par M. de La Rochefoucauld, tellement qu’il fut convenu que M. de Laon présideroit et rapporteroit en même temps, et que, pour tenir lieu de significations, les copies des pièces et des mémoires dont on voudroit se servir seroient remises à M. de Laon par les parties signées d’eux, et communiquées de l’une à l’autre par M. de Laon, qui auroit pouvoir de limiter le temps qu’on seroit obligé de les lui rendre.