Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le fils du plus ancien se trouveroit le dernier de tous, et un changement continuel de rang suivant les dates des réceptions dont on n’a jamais ouï parler parmi les pairs, et qui en cela les égaleroit avec les charges les plus communes et les plus petits offices.

Toutes ces preuves ne sont que des raisonnements diffus et peu concluants, des déclamations, force sophismes, qui n’ajoutent rien à l’exposition simple de ces deux propositions telles qu’on vient de les présenter. Le spécieux en est éblouissant à qui n’approfondit pas ; moi-même j’en ai été un temps pris. Je dois à l’abbé Le Vasseur, qui a longtemps et utilement pris soin des affaires de mon père et des miennes jusqu’à sa mort, arrivée comme je l’ai dit ailleurs, en 1709, de m’en avoir fait honte. Je ne voulois point disputer parce que je ne croyois pas avoir raison, et après avoir étudié la matière je fus honteux de m’être si lourdement abusé.

Pour réfuter les deux propositions de M. de La Rochefoucauld, il faut remonter à la nature de la dignité dont il s’agit de fixer l’ancienneté pour ceux que le roi en honore, et voir ce qui la fixoit anciennement. Qu’on ne s’étonne point d’un principe qui doit être posé, parce qu’il est de la première certitude. La dignité de pair est une, et la même qu’elle a été dans tous les temps de la monarchie ; les possesseurs ne se ressemblent plus. Sur cette dissemblance on consent d’aller aussi loin qu’on voudra, sur la mutilation des droits de la pairie, encore. C’est l’ouvrage des temps et des rois ; mais les rois ni les temps n’ont pu l’anéantir, ce qui en reste est toujours la dignité ancienne, la même qui fut toujours, jusque dans son dépouillement cette vérité brille. Il faut une injustice connue par une loi nouvelle pour préférer les princes du sang et les bâtards aux autres pairs dans la fonction du sacre, sans oser les en exclure, et ces princes du sang et ces bâtards comme pairs, les uns à titre de naissance par l’édit d’Henri III, les autres comme ayant des pairies dont ils sont titulaires et revêtus. Jusque dans sa