Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/254

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être bonne en soi, mais qui n’avoit point d’exemple, et que l’intérêt du parlement de juger ces causes majeures auroit certainement rendue caduque.

On ne peut s’empêcher de remarquer l’indécence, dans la bouche d’un pair de France, de cette proposition que M. de La Rochefoucauld avance en conséquence du faux principe qu’il avoit posé et dont on vient de démontrer la faiblesse, que, si l’ancienneté parmi les pairs se tiroit de la première réception au parlement, elle changeroit à chaque mutation dans la même pairie par les diverses dates des diverses réceptions. Son principe de la date de l’enregistrement tombé pour la fixation de l’ancienneté, la conséquence tombe aussi. On vient de voir que c’est la manifestation du nouveau pair qui, dès la première antiquité, a toujours fixé l’ancienneté parmi eux. Cette manifestation n’est qu’une pour chaque race et filiation de pair, puisque la dignité est héréditaire, conséquemment les réceptions subséquentes de chaque filiation ne sont plus la manifestation, mais seulement la succession annoncée et manifestée dans le premier de la race ; laquelle ne peut intervertir le rang établi de la même pairie, qui demeure dans le rang qu’a tenu le premier de cette filiation. Cela est évident en soi, cela l’est par l’exécution constante depuis la première antiquité jusqu’à présent ; cela l’est encore, parce que, dans ce grand nombre de chimères et de prétentions mises en avant de temps en temps sur les rangs entre eux des pairs et la succession à cette dignité, M. de La Rochefoucauld est le premier et l’unique qui ait imaginé cette intervention des rangs par chaque réception dans la même pairie, conséquence insoutenable et monstrueuse d’un principe destitué de tout fondement, de laquelle on va démontrer l’ineptie encore plus singulièrement, c’est-à-dire par les principes et par la nature de la dignité de duc et pair de France.

On ne peut lui contester qu’elle ne soit, par sa nature singulière et unique, une dignité mixte de fief et d’office. Le